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Suzanne et les vieillards

Alessandro ALLORI, "Suzanne et les vieillards"

Suzanne et les vieillards
© (c) RMN-Grand Palais (musée Magnin) / A. Berlin

Ce sujet souvent représenté en peinture est tiré d’un texte appendice au Livre de Daniel. Les deux vieillards, obsédés par la beauté d'une jeune femme nommée Suzanne, décident de la surprendre pendant son bain dans son jardin pour raconter qu'elle les a attirés, et ruiner sa réputation. Le peintre a dramatisé la scène : Suzanne est en danger de viol, comme le montrent l'expression avide des vieillards et la brutalité crue de leurs gestes. Le refus de la jeune femme se lit dans le regard effrayé, la crispation du visage et l'énergie des mains pour écarter les agresseurs.

À la Renaissance, l'histoire des martyrs ou les épisodes bibliques servaient fréquemment de prétexte aux artistes pour peindre de beaux nus. En 1561, année de l’exécution de ce tableau, Alessandro Allori est rentré d’un séjour de six années dans la Ville éternelle. La carrure monumentale du vieillard de gauche signale l’influence de Michel-Ange. Mais la culture de l’œuvre est plutôt florentine : les contours fermes, le corps de Suzanne évoquent les modèles de Bronzino, maître d’Allori.

La vigueur des tons acides, jaunes et bleus-verts, la facture lisse et soignée, le réalisme des visages, la présence anecdotique du chien, la préciosité des tissus ou de l’ornement de la chevelure sont empruntés à l’art flamand, présent dans les collections des Médicis à Florence. La recherche décorative, la densité des motifs, la ligne serpentine du corps nourrissent cet « art pour l’art » caractéristique du courant maniériste.