Pistes pédagogiques à l'intention des enseignants
Cette rétrospective offre plusieurs pistes de réflexion à explorer avec les lycéens.
La peinture d’histoire occupe une place de choix dans son œuvre et permet de familiariser les élèves avec les règles du goût qui prévalent à la fin du XVIIe siècle et au début du XVIIIe, la hiérarchie des genres, notamment, formalisée par l’Académie de peinture et sculpture. Cette rétrospective permet aussi d’interroger la perception que nous avons de l’histoire de l’art. Les évolutions sont souvent expliquées par des moments forts, des ruptures. Pourtant, les transitions qui assurent les passages sont tout aussi importantes. Ainsi, en multipliant les sujets mythologiques traités avec aménité, Boullogne pose les bases d’un goût qui trouvera un développement exubérant dans l’art rocaille d’un Boucher.
Cette occurrence des sujets mythologiques est aussi l’occasion d’interroger la fonction du mythe. Au-delà de la reprise des motifs que le peintre emprunte à l’Antiquité, le mythe est riche de sens par la symbolique qu’il utilise, la narration particulière qui s’y déploie. Chaque époque a sa manière de se rapporter aux mythes fondateurs, de mettre en scène les grandes figures qui les peuplent, et ainsi, de se raconter. Bon Boullogne est un témoin précieux de l’évolution des mœurs, entre la grandiloquence et l’austérité d’une grande partie du règne de Louis XIV, et la fin, qui tend à un assouplissement.
Bon Boullogne a aussi travaillé aux décors de chapelles d’importants édifices telles la chapelle royale du château de Versailles et l’église des Invalides. Son œuvre permet d’aborder la place de la religion dans la société du Grand Siècle. Elle permet également de s’interroger : qu’est-ce qui permet d’assurer qu’un tableau reprenant une scène biblique n’est pas seulement un objet religieux mais un objet d’art, de dévotion et de délectation ?
Les élèves seront sans doute frappés par l’utilisation de couleurs franches, vives ; réceptifs aux gestes et aux mouvements des personnages souvent très théâtraux ainsi qu’à l’expression des personnages pleins de vivacités et aux bouillonnements des tissus. Cette exposition permet de sensibiliser les élèves aux compositions recherchées d’une œuvre, d’acquérir des clés de lecture de celle-ci et établir des liens entre l’art, la littérature, l’histoire.
Enfin, la diversité de la production de Bon Boullogne montre qu’un parcours artistique ne se laisse jamais enfermer dans un genre défini. Il est alors loisible de réfléchir à la nature même de la création artistique. À quelles sources l’artiste va-t-il puiser, comment les réinvente-t-il ? Est-il prisonnier d’un discours formel ou parvient-il à se soustraire aux codes d’un genre particulier ? Comment parvient-il à affirmer quelque chose de singulier?
